Pour que les patients bénéficient au mieux des apports de la médecine, un des enjeux est d'utiliser à bon escient ses moyens, ni trop peu, ni trop, et d'éliminer les soins dangereux ou inutiles. Ce constat, partagé par de plus en plus de soignants, est fait aussi par des économistes.
Surmédicalisation dangereuse pour les patients
La surmédicalisation recouvre les actes, procédures et produits de santé qui exposent à davantage de risques qu'ils n'apportent de bénéfices potentiels. Pratiques inutiles ou à balance bénéfices-risques défavorable, qui concernent tous les domaines des soins : le dépistage, le diagnostic, les traitements médicamenteux, les interventions chirurgicales, etc. (1). Ces pratiques de surmédicalisation nuisent aux patients de différentes façons, par exemple en les étiquetant abusivement comme malades, en les exposant à des effets indésirables évitables, en leur transmettant des infections en établissement de soins, en détournant les ressources financières d'autres interventions plus adaptées (1).
Parmi les initiatives qui cherchent à lutter contre la surmédicalisation, la campagne "Choosing wisely" ("Choisir avec soin"), née aux États-Unis d'Amérique en 2012 et développée ailleurs depuis, prend une certaine ampleur (1à3). Cette campagne vise à aider les soignants et les patients à dialoguer au sujet des examens et traitements inutiles et à faire des choix judicieux et efficaces en vue d'assurer des soins de qualité (3).
Pour les économistes : un gaspillage
L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et la Commission européenne alertent aussi sur les soins qui sont inutiles, voire dangereux, et sur le gaspillage de ressources qu'ils entraînent (4,5). Selon l'OCDE, qui s'appuie sur une large synthèse d'études (et se réfère à la campagne "Choosing wisely"), environ 20 % des dépenses de santé seraient mal utilisées voire gaspillées (4). La Commission européenne présente des chiffres très inférieurs car elle prend en compte les seuls effets indésirables des interventions de soins (qui touchent selon la Commission entre 4 % et 17 % des patients), mais pas les coûts des soins inutiles ou inutilement coûteux (5).
L'analyse des soignants qui visent la qualité des soins converge ici avec celle de ces économistes, soucieux de la qualité des services et produits de santé et d'une meilleure utilisation des ressources collectives.
Extraits de la veille documentaire Prescrire
1- Brownlee S et coll. "Evidence for overuse of medical services around the world" Lancet 2017 DOI: 10.1016/S0140-6736(16)32585-5 : 8 pages.
2- Choosing wisely "Choosing wisely. History". Site www.choosingwisely.org consulté le 10 avril 2017 : 1 page.
3- Choisir avec soin "Au sujet de Choisir avec soin." Site www.choisir avecsoin.org consulté le 10 avril 2017 : 2 pages.
4- OECD "Tackling wasteful spending on health" Paris, 2017 : 336 pages.
5- European Commission "Cost of unsafe care and cost-effectiveness of patient safety programmes" 2016 : 129 pages.