Mots et nombres

Comment évaluer la douleur au cours des essais cliniques ? Quel est le meilleur critère pour évaluer l'efficacité des antalgiques, tels que le méthoxyflurane inhalé (lire aussi "méthoxyflurane (Penthrox°) et douleurs aiguës en urgence chez les adultes"), et l'association d'un anti-inflammatoire non stéroïdien avec un opioïde, dexkétoprofène + tramadol (lire aussi "dexkétoprofène + tramadol (Skudexum°) et douleurs aiguës") ?

L'évaluation sur une échelle visuelle analogique est largement répandue du fait de sa simplicité : on présente au patient une réglette comportant un trait de 100 mm avec aux deux extrémités les termes "pas de douleur", et "douleur maximale imaginable" et on lui demande de placer un curseur sur ce trait pour situer l'intensité de sa douleur. Le nombre de "millimètres de douleurs" ainsi obtenu paraît aussi précis qu'une température. Mais en situation de douleur aiguë, de stress, de traumatisme, de réveil postopératoire, certains patients ont du mal à estimer où placer le curseur. Comment alors interpréter une différence de quelques millimètres ?

La satisfaction globale du patient est un critère à prendre en compte. On demande au patient de se prononcer, non sur l'intensité de la douleur, mais sur son vécu du traitement antalgique, au moyen d'une échelle verbale comportant plusieurs réponses : pas du tout satisfait, peu satisfait, assez satisfait, très satisfait. La réponse évalue à la fois l'effet antalgique global dans ses diverses dimensions, pas seulement l'intensité des douleurs mais aussi le vécu psychologique, et celui des effets indésirables du traitement. En somme, une approche qualitative et subjective de la balance bénéfices-risques de l'effet antalgique, dont l'interprétation repose sur le sens des mots utilisés.

Particulièrement en matière de douleurs, les mots sont plus riches d'enseignement que les nombres.

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