De nombreux patients atteints d'un cancer se voient proposer une première ligne de chimiothérapie. Pour certains d'entre eux, accepter ce traitement porte ses fruits avec une guérison ou, à défaut, une longue rémission. Pour d'autres, non. L'espoir se porte alors sur une deuxième chimiothérapie. Et en cas de nouvel échec, beaucoup acceptent de s'engager dans de nouvelles tentatives, de nouvelles lignes de chimiothérapies, avec leur cortège d'effets indésirables répétés, nombreux et pénibles. Avec à chaque fois, des fluctuations entre désespoir et nouvel espoir.
Pour certains patients chez lesquels la chimiothérapie classique a atteint ses limites, beaucoup d'espoirs ont été fondés sur des thérapies dites personnalisées. Thérapies présentées comme adaptées à chaque patient en fonction de critères génétiques qui lui sont propres. Beaucoup d'espoirs ont aussi été fondés sur l'immunothérapie, présentée comme une méthode de traitement du cancer via une mobilisation du système immunitaire du patient. Quelques progrès et beaucoup de déceptions ont été vécus.
En 2019, l'espoir est placé dans la modification génétique de cellules immunitaires humaines, dénommée immunothérapie génique ou thérapie CAR-T (lire l'encadré "Les thérapies CAR-T"). Une innovation technologique qui propose que le patient reçoive une perfusion de ses propres lymphocytes T après leur modification génétique au moyen d'un virus. Un traitement présenté souvent comme « révolutionnaire ».
De fait, il s'agit d'une prouesse technique qui semble être porteuse d'un progrès thérapeutique. Mais la réalité, dont des pans sont dans l'ombre, est moins mirobolante qu'il n'y paraît.
Quand on examine, avec les pieds sur terre, les dossiers d'évaluation des thérapies dites CAR-T dans les premières situations cliniques où elles ont été autorisées, on constate que plusieurs patients ont eu une survie plus longue que celle observée avec les traitements habituels (lire aussi "axicabtagène ciloleucel (Yescarta°) et certains lymphomes en impasse thérapeutique", "tisagenlecleucel (Kymriah°) et lymphomes diffus à grandes cellules B réfractaires ou en rechute" et "tisagenlecleucel (Kymriah°) et leucémie aiguë lymphoblastique chez les enfants et les jeunes adultes"). L'efficacité est probable mais la durée de survie demeure incertaine, faute de recul. On constate aussi beaucoup d'effets indésirables graves à court terme qui hâtent la mort de certains patients. Et l'incertitude autour d'une toxicité spécifique est grande.
Une telle innovation technique semble ouvrir une nouvelle voie de traitement des cancers. Mais attention à ce que cet espoir ne se transforme pas en optimisme excessif, qui négligerait les zones d'incertitudes et les lourds dégâts avérés subis par certains patients. Le curseur est à placer avec justesse entre espoirs et réalités.