Les "spin doctors" ne sont pas une catégorie de médecins mais des spécialistes en communication qui sont chargés de valoriser l'image d'une entreprise ou d'une personne. Le "spin", au sens de torsion, sous-entendu "des faits", existe cependant aussi en médecine et fait obstacle notamment à une évaluation fiable des nouveaux médicaments (1).
Du baratin dans des publications d'essais en psychiatrie
Une équipe française ayant publié plusieurs études sur le "spin" dans les publications d'essais cliniques le définit comme « l'utilisation de méthodes spécifiques d'écriture, quelle qu'en soit la motivation, pour mettre en lumière que le traitement évalué est bénéfique malgré une différence non statistiquement significative sur le critère principal » (2).
Des chercheurs étatsuniens ont cherché à quantifier la prévalence de "spin", c'est-à-dire de baratin ou boniment, dans des comptes rendus d'essais cliniques publiés entre 2012 et 2017 dans six revues majeures de psychiatrie et de psychologie (3). Ils ont recherché les résultats d'essais cliniques randomisés de médicaments dont la différence sur le critère principal n'était pas significative. Puis ils ont recherché dans les résumés de ces articles la présence de baratin tendant à cacher cette absence de différence. Au total, plus de la moitié (56 %) des 116 articles sélectionnés comprenaient du baratin dans leur résumé : 2 fois dans le titre, 21 % dans la section des résultats, 49 % dans la section conclusion, et 15 % à la fois dans les sections résultats et conclusion (3).
Une pratique répandue en médecine
Le baratin, défini plus largement comme une façon trompeuse de rapporter des résultats sous un jour plus favorable qu'en réalité, est une pratique répandue en médecine, largement au-delà de la psychiatrie (4). Il prend différentes formes : tri des résultats, utilisation de techniques statistiques inappropriées, manipulation des graphiques, etc. (3). Les raisons en sont diverses : défaut de compréhension des règles méthodologiques, comportement plus ou moins inconscient, voire volonté délibérée de tromper (1). Mais dans tous les cas, cela va dans le sens de l'intérêt des auteurs (1). Baratiner est encouragé par l'environnement compétitif des chercheurs, une importance plus grande donnée en général aux résultats positifs, et par un manque de recommandations décourageant cette pratique (1).
La distorsion des faits conduisant à une interprétation trompeuse nuit à la qualité de soins : des études ont montré que les médecins et les patients sont bernés par le baratin présent dans le résumé des études (5,6).
Il est crucial de prendre conscience de la fréquence du baratin dans les résumés des comptes rendus d'essais cliniques : se contenter de lire les résumés expose à retenir des conclusions erronées. Les enseignants des facultés de médecine et de pharmacie ont un rôle-clé pour mettre en évidence ces mauvaises pratiques et les décourager. Les revues publiant des comptes rendus d'essais ont aussi un rôle important, en ne donnant pas une tribune aux baratineurs.