Il est parfois utile d'établir avec un patient la liste de tous les produits de santé qu'il utilise. Quand on cherche d'éventuelles interactions médicamenteuses. Quand on veut déterminer si un trouble a une cause médicamenteuse. Quand une grossesse est possible. Certains produits sont assez facilement mentionnés. D'autres, souvent banalisés, sont souvent omis, tant par les patients que par les soignants. Par exemple : ceux pris en automédication, une contraception hormonale, un produit de phytothérapie, des compléments alimentaires. Et aussi les médicaments appliqués localement, dont on pourrait croire qu'ils n'agissent que sur une petite partie du corps, sans conséquence à distance.
En réalité, quand une substance est appliquée sur le corps, une partie rejoint la circulation sanguine, en traversant la peau ou une muqueuse. Souvent, la quantité absorbée est plus faible que par voie orale, mais sans mettre à l'abri d'effets indésirables généraux ou à distance du site d'application. Ainsi ont été rapportées des insuffisances rénales et des hypertensions artérielles liées à la ciclosporine administrée dans l'œil (lire aussi "ciclosporine en collyre (Verkazia°) et kératoconjonctivite vernale sévère").
Des malformations évocatrices de l'effet tératogène des rétinoïdes ont été observées chez des nouveau-nés dont les mères avaient appliqué sur leur peau un rétinoïde pendant la grossesse (lire aussi "trifarotène (Aklief°) et acné"). Des saignements graves sont survenus chez des patients sous antivitamine K suite à l'application buccale d'un inhibiteur enzymatique (le miconazole) (lire aussi "Antivitamine K et miconazole buccal" dans le n° 368, p. 436).
La peau et les muqueuses sont des voies d'absorption des médicaments. Avec parfois des conséquences néfastes, très concrètes pour les patients.
