De nombreuses personnes prennent des médicaments régulièrement pendant des mois, voire des années. Une évolution défavorable ou un nouveau problème de santé incite souvent à ajouter d'autres médicaments. Se pose alors la question des effets indésirables par interactions avec les médicaments déjà pris, que ce soit au moment de la décision, de la prescription, du conseil, de la dispensation ou de la prise des médicaments.
Comment envisager de façon rationnelle les risques liés à l'ajout ou à l'arrêt d'un médicament ? L'approche proposée par Prescrire pour le suivi des personnes infectées par le VIH, dont la bonne santé dépend de l'efficacité du traitement antirétroviral, est une trame applicable à d'autres situations cliniques (lire aussi "Patients vivant avec le VIH. Surveillance en soins de premier recours du traitement antirétroviral").
Par exemple, hiérarchiser les objectifs, pour peut-être alléger le traitement, et par là-même réduire les risques d'interactions, en identifiant les médicaments qui peuvent être suspendus voire arrêtés sans grand inconvénient.
Repérer les associations qui exposent à une réduction d'efficacité d'un médicament crucial, par interactions pharmacocinétiques ou par antagonisme d'effets.
Éviter qu'un effet indésirable jusque-là tolérable n'évolue en événement grave, ou qu'il ne motive l'arrêt d'un traitement crucial.
Anticiper, à partir des profils d'effets indésirables et des risques d'additions d'effets entre médicaments, les paramètres qui pourront être contrôlés en renforçant la surveillance clinique ou paraclinique.
Remplacer un médicament par un autre d'efficacité comparable, mais exposant à moins de problèmes graves.
Porter une attention particulière aux médicaments à marge thérapeutique étroite, c'est-à-dire dont la dose efficace est proche de la dose toxique, et dont des variations de concentration sanguine, même faibles, sont dangereuses, dans un sens comme dans l'autre.
Gérer les interactions médicamenteuses, ce n'est pas juste respecter un feu vert ou rouge, ni faire l'autruche devant la complexité.
C'est intégrer des éléments de pharmacologie clinique dans la décision de soins. En prenant quelques minutes pour vérifier certaines informations sur chacun des médicaments envisagés avant de décider. Des informations rassemblées et mises à jour chaque année pour de très nombreuses situations cliniques et des centaines de médicaments et groupes de médicaments sont disponibles dans l'espace "Interactions Médicamenteuses" de l'Application Prescrire.