Quand un patient commence un traitement hypocholestérolémiant, c'est généralement pour des années, dans le but de diminuer à long terme le risque de mort prématurée et d'accidents cardiovasculaires. De ce fait, à moins d'un risque cardiovasculaire particulièrement élevé, un essai clinique d'un médicament hypocholestérolémiant mené sur une durée trop courte ne permet pas une évaluation sur des critères cliniques pertinents.
18 mois, c'est la durée de suivi des patients atteints d'hypercholestérolémie dans les essais ayant évalué l'inclisiran (Leqvio°) (lire aussi "inclisiran (Leqvio°) et certaines hypercholestérolémies"). Certes, cette durée permet de mesurer les effets de ce nouveau médicament sur la LDL-cholestérolémie et de détecter quelques effets indésirables. Mais elle est bien trop courte pour estimer l'éventuelle efficacité de l'inclisiran sur la durée de vie ou les accidents cardiovasculaires ; ou pour mettre en évidence des effets indésirables qui pourraient apparaître après des années d'exposition. Les principaux essais cliniques ayant montré une baisse de la mortalité avec la simvastatine ou la pravastatine, les hypocholestérolémiants de premier choix, ont duré au moins 5 ans (lire n° 403, pages 358-359).
La durée d'un essai clinique fait partie des paramètres importants à prendre en compte lors de l'analyse des résultats. Elle doit être en adéquation avec l'évolution naturelle du trouble que l'on cherche à traiter ou avec le délai avant apparition d'un trouble que l'on cherche à prévenir ; et aussi avec la durée d'utilisation prévisible du médicament. Sans cela, les soignants sont privés d'informations essentielles pour faire les meilleurs choix dans l'intérêt premier des patients.
