On nomme promédicament une substance, apparemment non active, qui est transformée après son entrée dans le corps du patient en un médicament actif. Si possible à proximité du site visé. Avec l'avantage, peut-être, d'exposer à moins d'effets indésirables.
Mais souvent, les promédicaments sont vite métabolisés, avec des effets indésirables généraux similaires à ceux du médicament actif. Tel est le cas par exemple du ceftobiprole médocaril (Mabelio°), rapidement et complètement hydrolysé dans le sang en ceftobiprole, une céphalosporine (lire dans n° 379, p. 331-333).
Une parade ingénieuse est utilisée avec la lévodopa dans la maladie de Parkinson. La dopamine diffuse très peu à travers la barrière hémato-encéphalique. Pour atteindre les sites cérébraux visés, il faudrait administrer des doses importantes de ce neurotransmetteur, puissant vasoconstricteur à ces très fortes doses. La lévodopa, son promédicament, franchit, elle, la barrière hémato-encéphalique. Administrée en association avec un inhibiteur de la dopadécarboxylase périphérique (dans Modopar°, Sinemet°, ou autre), le tour est joué : elle est transformée en dopamine surtout au niveau du système nerveux central, avec des effets pharmacologiques utiles aux patients.
Le ténofovir disoproxil (Viread°) et le ténofovir alafénamide (Genvoya°) sont deux promédicaments du ténofovir, un antiviral de premier choix de l'infection par le HIV. Le ténofovir disoproxil est métabolisé dans le sang en ténofovir. Le ténofovir alafénamide semble transformé en ténofovir surtout à l'intérieur des cellules. L'évaluation clinique du ténofovir alafénamide montre effectivement des différences : moins de troubles rénaux et osseux, mais aussi plus de troubles lipidiques (lire aussi "ténofovir alafénamide + emtricitabine + elvitégravir + cobicistat (Genvoya°) et HIV").
Comme quoi, un promédicament agissant à proximité de la cible n'est pas toujours le progrès annoncé pour les patients.
