Le développement parallèle du nivolumab (Opdivo°) et du pembrolizumab (Keytruda°), deux anticorps monoclonaux immunostimulants anti-PCD-1, nourrit une course aux autorisations de mise sur le marché (AMM) entre deux firmes concurrentes.
Obtenir avant les autres firmes une AMM offre plusieurs avantages : le médicament occupe la place sur le marché, dans les esprits et dans les conversations ; et quand on exige une évaluation comparative, il devient le comparateur "obligé" pour les médicaments concurrents. Et tant pis si le prix à payer pour arriver en premier est une baisse de la qualité de l'évaluation.
Ainsi, le pembrolizumab a été le premier anti-PCD-1 autorisé en première ligne chez des patients atteints d'un cancer bronchique inopérable ou métastasé. Mais sur la base de résultats trop précoces pour pouvoir estimer correctement l'effet sur la durée de vie (lire aussi "pembrolizumab (Keytruda°) en monothérapie et cancer bronchique métastasé ou inopérable"). Déjà, chez les patients atteints d'un mélanome métastasé ou inopérable et n'ayant jamais reçu de traitement pour cette maladie, le dossier d'AMM semblait constitué de façon expéditive (n° 398 p. 889-891).
Le nivolumab, quant à lui, a été le premier anti-PCD-1 autorisé chez des patients atteints d'un carcinome rénal métastasé en deuxième ligne ; mais sans être comparé à certaines options de traitement pourtant justifiées (n° 401 p. 170-171). D'autres évaluations expéditives sont prévisibles.
Parce que les autorités de santé en charge de l'octroi des AMM sont trop peu exigeantes sur l'évaluation des médicaments, la concurrence entre firmes conduit trop souvent à rétrécir les connaissances utiles à leur utilisation judicieuse.
