Dans l'Union européenne et ailleurs, la tendance est à l'accélération des procédures d'octroi d'autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments, au risque de ne pas avoir les garanties minimales d'efficacité clinique et de connaissance de leurs effets indésirables. Une tendance accentuée par le contexte de la pandémie de covid-19. C'est le cas par exemple du remdésivir (Veklury°) : lire aussi "remdésivir (Veklury°) et covid-19" et le "Point de vue de la Rédaction. Mise sur le marché du remdésivir dans l'Union européenne : l'EMA ne sert pas assez l'intérêt des patients".
À l'inverse, en France, face aux risques sanitaires de médicaments plus dangereux qu'utiles, la réponse est la lenteur de décisions de retraits du marché, y compris quand la balance bénéfices-risques a été considérée comme défavorable par la Commission chargée de leur réévaluation à l'Agence française du médicament (ANSM). C'est le cas par exemple de l'étifoxine (Stresam°) (lire aussi "Etifoxine : bientôt déremboursée, à défaut d'un retrait du marché ?") qui reste commercialisée mi-2020, avec des copies autorisées après l'avis défavorable à son maintien sur le marché début 2019. Et du méthocarbamol (Lumirelax°), un myorelaxant, toujours sur le marché malgré l'avis défavorable de 2019. Fin 2020, l'isothipendyl (Apaisylgel°, Sedermyl°) et l'alpha-amylase (Maxilase° ou autre) ne sont toujours pas retirés du marché, malgré des avis défavorables de 2017 et 2018, justifiés par l'absence d'efficacité démontrée et leurs effets indésirables graves.
L'octroi d'une AMM trop précoce sert les intérêts particuliers de telle ou telle firme. De même en cas de maintien sur le marché des médicaments malgré l'accumulation de preuves d'une balance bénéfices-risques défavorable. Face au poids des firmes, les agences du médicament plient, et font le grand écart, au détriment de l'intérêt collectif, en premier celui des patients.
