Flexibilité

« Avec un grand verre d'eau ». « Au moins 30 minutes avant la prise de tout aliment ou boisson ». « Pendant les repas ». « Un quart d'heure avant le coucher ». Etc.

D'un point de vue pratique, un médicament c'est concret, un objet de formes pharmaceutiques diverses (comprimés, gélules, solution pour injection, etc.) et associé à un conditionnement particulier (boîte, plaquette, flacon, notice, etc.). Lors de la prescription, de la dispensation ou de l'administration d'un médicament, les soignants précisent souvent des modalités de prise, qu'elles figurent ou non dans la notice. Ces indications s'appuient le plus souvent sur les informations présentes dans les résumés des caractéristiques (RCP) des spécialités pharmaceutiques, mais les niveaux de preuves sont-ils assez solides pour en faire des règles incontournables ?

Souvent, les données concernant les modalités de prise d'un médicament proviennent d'études pharmacocinétiques effectuées chez des personnes en bonne santé. Moins souvent, ces données sont issues d'études cliniques réalisées chez des patients. Et moins souvent encore, d'essais randomisés avec des critères d'évaluation pertinents (lire aussi "Hypertension artérielle. Prise des hypotenseurs le soir : grand flou sur l'efficacité").

Pour certains médicaments, le lien entre les modalités de prise et un effet indésirable majeur est clairement démontré, par exemple : ulcérations œsophagiennes causées par des diphosphonates, surdose de médicaments à marge thérapeutique étroite ou encore diminution d'efficacité de certains médicaments, tels que la doxycycline en cas de prise avec des produits laitiers ou avec des antiacides contenant de l'aluminium ou du magnésium.

Mais souvent, l'influence des modalités de prise d'un médicament sur son efficacité ou la survenue d'effets indésirables n'est pas suffisamment connue pour établir des règles valables pour tous les patients. Quand les données d'évaluation clinique ne permettent pas de déterminer sur des bases solides des modalités précises de prise d'un médicament, laisser une grande place au ressenti et aux préférences de chaque patient est une option pragmatique. Surtout quand les modalités de prise choisies par le patient contribuent à diminuer certains effets indésirables. Un exemple ? Celui des médicaments contenant de la lévodopa (lire aussi "Prise de lévodopa : pendant les repas ou à distance des repas ?".

Ce qui permet dans de nombreux cas une relative flexibilité : « il n'y a pas de modalité de prise précise à respecter avec ce médicament, prenez-le au moment de la journée qui vous convient le mieux ».

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